Christine de Pizan et La Querelle des Femmes

Christine de Pizan (1365-1431) était une philosophe, poétesse, et écrivaine française pendant le Moyen Âge. Elle a été née dans une famille studieuse italienne et plus tard elle a épousé un ministre du roi français. Après la mort de son époux et un désastre financier, Pizan a décidé de subvenir aux besoins de sa famille en travaillant comme écrivaine professionnelle au lieu de se remarier (de Pizan). Une veuve indépendante de son haut statut était presque inédite à l’époque. Écrivant des poèmes et livres pour des mécènes courtois, elle est devenu rapidement fameuse parmi la famille royale et la Cour. Considérée comme une des premières féministes littéraires, Pizan a écrit plusieurs textes qui critiquent la misogynie abonde dans les textes français et qui défendent la moralité et la puissance de la femme (Kelly). Ses oeuvres présentent des aspects d’une théorie proto-féministe.

Christine de Pizan offrant ses Épîtres du Débat sur le Roman de la Rose à Isabeau de Bavière.
Christine de Pizan offrant ses Épîtres du Débat sur le Roman de la Rose à Isabeau de Bavière.

Comme vous pouvez l’imaginer, la France médiévale était loin d’une société féministe. Cette époque est marquée par la culture courtoise dans laquelle les hommes cherchaient à protéger et courtiser les femmes d’une manière chevaleresque. La littérature courtoise incarne cette idée: les chevaliers galants ont le seul objectif de combattre des monstres et sauver les demoiselles en détresse (Clavier). Super, non? Bien que les femmes pures aient été traitées comme précieuses, elles étaient seulement l’objet des désirs des hommes. Et les femmes considérées impures? Elles étaient méprisées, exilées de la société. Les hommes du Moyen Âge regardaient les femmes comme des biens et d’un sexe inférieur. Elles avaient peu de liberté ou opportunité. Leur seul objet était de se marier un homme riche, de préférence qui a un caractère gentil. En général, la littérature médiévale de l’époque (des moralistes, des fabliaux, et des textes courtois) représentait les femmes comme immorales et faibles (Clavier). Des auteurs de ces textes misogynes faisaient référence aux théories et aux histoires des grands penseurs (comme Aristote) et les textes religieux (comme la Bible) pour défendre leurs propres assertions (Clavier). Cette littérature mettait des nombreuses femmes (et quelques hommes) en colère, y compris Christine de Pizan, et la Querelle des femmes a apparu (Clavier).

La Querelle des femmes était un débat sur le statut et la moralité des femmes dans la société durée les quatre siècles avant la Révolution française (Viennot). Ce débat était simplement polémique; vous étiez soit totalement pour ou totalement contre l’égalité homme-femme (Kelly). La Querelle, contrairement aux mouvements féministes d’aujourd’hui, se concentrait sur la résistance intellectuelle au lieu d’agir physiquement à l’oppression(Kelly). En tenant leurs stylos comme leurs épées, les savantes féministes combattaient les opinions et théories misogynes ancrées dans la société française. Tout au long de quatre siècles, la Querelle s’est concentrée sur des thèmes/problèmes différents (Viennot). Le premier thème, surtout pendant le Moyen Âge, était sur l’amour et le mariage. Elle s’occupait du débat sur une différence ontologique entre les sexes en constatant que le sexe féminin est en fait supérieur au sexe masculin. En outre, la Querelle débattait la liberté des femmes de faire tout qu’un homme à liberté de faire, comme porter les armes, conduire les peuples, enseigner aux lettrés, etc. En plus, la Querelle discutait l’éducation de la femme et son accès au savoir. Plusieurs savants contemporains affirment que Pizan a contribué au déclenchement de la Querelle des femmes.

Qu’ils se taisent donc! Qu’ils se taisent dorénavant, tous leurs complices et alliées qui en disent du mal ou qui en parlent dans leurs écrits ou leurs poèmes! Qu’ils baissent les yeux de honte d’avoir tant osé mentir dans leurs livres!

de Pizan, 108

Des textes misogynes, tel que le Roman de la rose de Jean de Meung, rendaient Pizan furieuse (de Pizan). Elle a écrit une oeuvre qui représente les femmes comme des personnes nobles, puissantes, et fortes comme une réponse. Dans son livre La Cité des dames, trois Dames allégoriques rendent visite à Pizan et l’instruisent comment construire une cité utopique ou les femmes peuvent mener une vie de noblesse et de liberté. En inventant une utopie féministe, elle a cherché du refuge dans la fiction pour s’enfuir de sa société sexiste et étouffante. Comme on pouvait s’y attendre, l’oeuvre souligne chaque thème de la Querelle. En premier, Pizan construit une cité fortifiée spécifiquement pour les femmes. Les citoyens de la cité n’ont pas besoin d’un mari pour les protéger ou subvenir à leurs besoins. Quant au pouvoir des femmes à l’intérieur des murs, c’est les femmes qui gouvernent, qui enseignent, et qui défendent elles-mêmes. De plus, Pizan énumère des femmes illustres et leurs caractères nobles afin de montrer la moralité et le courage égal (encore supérieur) aux hommes. En outre, l’oeuvre et la popularité de Pizan dans la Cour sont preuves que les femmes qui ont accès à l’éducation et au savoir sont capables de créer et penser à côté des hommes.

Les Dames conseillent de Pizan et l’aident à construire la Cité.

Bibliographie

Clavier, Tatiana. “Modalités De Diffusion Et Rhétoriques Des Discours Misogynes Et Misogames Imprimés à La Renaissance.” GLAD!, GLAD!, 30 June 2018, http://www.revue-glad.org/934#tocto2n2.

de Pizan, Christine. La cité des dames. Translated and presented by Thérèse Moreau and Éric Hicks. Éditions Stock, 2000

Kelly, Joan. “Early Feminist Theory and the ‘Querelle Des Femmes’, 1400-1789.” Signs: Journal of Women in Culture and Society, vol. 8, no. 1, 1982, pp. 4–28., doi:10.1086/493940.

Viennot, Éliane. 2012. « Revisiter la “querelle des femmes” : mais de quoi parle-t-on ? », in Revisiter la « querelle des femmes ». Discours sur l’égalité/inégalité des sexes. Vol. 1, de 1750 aux lendemains de la Révolution, in Viennot, Éliane (éd.). Actes du colloque de la SIEFAR, Paris, Université de Columbia, 8 nov. 2008. Saint-Étienne : Publications de l’Université de Saint-Étienne, 7-29

Tous les images viennent du domaine public (Wikimedia).

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